Partir en Algérie, c’est comme ouvrir une porte qui semble fermée à double tour. Vous avez vu les photos du Sahara, les marchés colorés d’Alger, les plages de Mostaganem, les montagnes du Kabylie. Vous avez envie d’y aller. Mais quand vous commencez à chercher comment faire, tout devient compliqué. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas une destination comme les autres. Ce n’est pas un voyage où vous réservez un billet, un hôtel, et vous partez. En Algérie, chaque étape demande du temps, de la patience, et parfois, une bonne dose de courage.
Les visas : un parcours du combattant
Si vous êtes européen, vous pensez peut-être que l’Algérie est proche, donc facile d’accès. Ce n’est pas le cas. Depuis 2023, les citoyens de l’Union européenne doivent obligatoirement obtenir un visa avant de voyager. Pas de visa à l’arrivée. Pas de visa électronique simple. Vous devez faire une demande physique dans l’ambassade ou le consulat algérien le plus proche. À Lyon, où je vis, il faut prendre rendez-vous des semaines à l’avance. Et même avec un rendez-vous, ce n’est pas gagné.
Les documents demandés sont nombreux : lettre d’invitation d’un hôtel ou d’un résident algérien, preuve de revenus, certificat de non-criminalité, justificatif de résidence, et parfois, une autorisation du ministère algérien des Affaires étrangères. Les ambassades ne répondent pas toujours aux emails. Les formulaires changent sans prévenir. Beaucoup de gens se retrouvent à devoir faire plusieurs allers-retours avant d’obtenir leur visa. Et le coût ? Entre 80 et 150 euros, selon les cas, sans compter les frais de traduction et de légalisation.
Les vols : peu fréquents, chers, et souvent annulés
Vous avez votre visa ? Bonne nouvelle. Maintenant, trouvez un vol. Les liaisons directes entre la France et l’Algérie sont rares. Air Algérie propose quelques vols depuis Paris, Marseille et Lyon, mais ils sont souvent complets des mois à l’avance. Les vols depuis d’autres villes européennes doivent passer par Istanbul, Francfort ou Madrid. Et même avec un billet en main, vous n’êtes pas à l’abri d’un annulation. En 2024, plus de 12 % des vols vers l’Algérie ont été annulés ou retardés de plus de 4 heures, selon les données de l’Autorité de l’aviation civile algérienne. Les raisons ? Problèmes techniques, grèves du personnel, ou simplement une gestion du trafic aérien qui manque de modernité.
Les compagnies low-cost comme Ryanair ou EasyJet ne desservent pas l’Algérie. Et si vous trouvez un vol à bas prix, il est souvent en dehors des heures de pointe, avec des correspondances de 8 à 12 heures. Pas idéal quand vous avez des enfants ou des restrictions de mobilité.
La sécurité : des préjugés et des réalités
Les guides touristiques et les sites gouvernementaux continuent de lister l’Algérie comme une destination à risque. Pourquoi ? Parce que des zones frontalières - surtout dans le sud, près du Mali et de la Libye - sont encore marquées par des tensions. Mais ce que ces avis ne disent pas, c’est que les villes touristiques comme Alger, Oran, Constantine, Tlemcen ou encore Tamanrasset sont parfaitement sûres. Les touristes y circulent librement, sans escorte, sans précautions extrêmes.
Le vrai risque, ce n’est pas le terrorisme. C’est la méconnaissance. Beaucoup de voyageurs arrivent avec des idées reçues : « Il ne faut pas sortir la nuit », « Ne parlez pas d’Israël », « Ne photographiez pas les militaires ». Ces conseils sont parfois justifiés, mais souvent exagérés. En réalité, les Algériens sont accueillants, curieux, et très fiers de leur pays. Les policiers ne vous harcèlent pas. Les voleurs ne ciblent pas les touristes. La sécurité est visible, mais discrète. Ce qui gêne, c’est la peur qu’on vous a inculquée avant même d’arriver.
Les formalités à l’arrivée : des contrôles rigoureux
Vous atterrissez à l’aéroport d’Alger. Vous avez votre visa, votre billet, votre assurance. Vous vous attendez à passer le contrôle de passeport et à sortir. Ce n’est pas aussi simple. Les agents de l’immigration posent des questions. Pourquoi venez-vous ? Combien de temps restez-vous ? Où logez-vous ? Et surtout : « Avez-vous une invitation ? »
Si vous avez réservé un hôtel, vous devez présenter la confirmation imprimée. Si vous logez chez un ami, vous devez avoir une lettre signée et cachetée par la commune locale. Sans ça, vous risquez d’être refoulé, même avec un visa valide. Ce système est archaïque, mais il est en vigueur. Il n’y a pas de système automatisé. Tout se fait à la main. Et les agents ont une grande marge de manœuvre. Un jour, vous passez en 10 minutes. Un autre jour, vous attendez deux heures, avec des questions qui n’ont rien à voir avec votre voyage.
Les paiements : pas de carte bancaire internationale
Vous avez votre visa, votre vol, votre hôtel. Vous avez même changé un peu d’argent à l’aéroport. Mais quand vous voulez payer votre café, votre taxi, ou votre billet de train, vous vous rendez compte d’une chose : les cartes Visa et Mastercard ne fonctionnent presque nulle part. Les distributeurs automatiques refusent les cartes étrangères. Les hôtels, les restaurants, les musées - tout est en cash.
Le dinar algérien est une monnaie non convertible. Vous ne pouvez pas le retirer à l’étranger, ni le changer facilement en dehors du pays. Vous devez acheter des billets en euros ou en dollars à l’aéroport, puis les échanger dans des bureaux de change agréés. Et attention : les taux sont souvent très défavorables. Certains changeurs vous donnent 150 DA pour 1 euro, alors que le taux officiel est de 170. Et si vous avez des billets déchirés ou trop anciens ? Ils les refusent. Il n’y a pas de solution simple. Vous devez prévoir suffisamment de cash, et le gérer avec soin.
Les transports internes : un réseau ancien et peu fiable
Vous êtes en Algérie. Vous voulez aller de Constantine à Béjaïa ? Vous cherchez un train. Vous trouvez un horaire sur le site de la SNTF. Il dit : « Départ à 8h15 ». Vous arrivez à 8h. Le train est parti à 7h45. Ou alors, il est en retard de 3 heures. Ou alors, il n’est pas au quai, parce qu’il est en maintenance depuis deux semaines.
Les trains en Algérie sont lents, bondés, et parfois mal entretenus. Les bus interurbains sont plus fréquents, mais souvent surchargés, sans climatisation, et parfois dangereux. Les routes sont bonnes dans les grandes villes, mais dans les régions montagneuses, elles peuvent être en mauvais état. Les taxis collectifs - les « louages » - sont économiques, mais ils ne partent que quand ils sont pleins. Et vous ne savez jamais quand ça va être.
Il n’y a pas d’application comme Uber ou Bolt. Les applications locales comme « Algérie Taxi » sont peu fiables, avec des chauffeurs qui ne parlent pas anglais, et des prix qui varient selon votre apparence. Vous devez négocier. Et vous devez savoir dire non.
Le téléphone et l’internet : un accès limité
Vous avez besoin d’un numéro local pour réserver un hôtel, appeler un guide, ou utiliser Google Maps. Mais vous ne pouvez pas acheter une carte SIM sans un justificatif de résidence. Les opérateurs comme Djezzy, Ooredoo ou Mobilis exigent une copie de votre passeport et une preuve d’hébergement. Même avec ça, l’activation peut prendre 24 à 48 heures. Et même si vous avez une carte, la couverture internet est inégale. Dans les villes, vous avez un bon 4G. Dans les villages, ou dans le désert, vous n’avez plus rien. Pas de Wi-Fi gratuit dans les hôtels. Pas de réseau dans les grottes de Tassili. Vous devez vous préparer à être hors ligne.
Les préjugés : le plus grand obstacle
Le vrai problème, ce n’est pas le visa. Ce n’est pas le cash. Ce n’est pas même le train qui ne part pas. C’est l’idée qu’on se fait de l’Algérie. On pense qu’elle est dangereuse, arriérée, fermée. On ne sait pas qu’elle a des musées de classe mondiale, comme le Musée national des Beaux-Arts d’Alger. On ne sait pas que les jeunes Algériens parlent anglais, français, et arabe, et qu’ils adorent discuter avec les voyageurs. On ne sait pas que le café algérien, servi dans les ruelles de Tlemcen, est l’un des meilleurs d’Afrique du Nord.
Les difficultés existent. Elles sont réelles. Mais elles ne sont pas insurmontables. Ce qui fait la différence, ce n’est pas la technologie. Ce n’est pas les lois. C’est la préparation. Et surtout, c’est la volonté de voir au-delà des clichés.
Comment rendre le voyage plus simple ?
Voici ce que vous pouvez faire avant de partir :
- Commencez votre demande de visa au moins 3 mois à l’avance.
- Obtenez une lettre d’invitation d’un hôtel ou d’un résident algérien - c’est souvent la clé.
- Changez votre argent avant de partir : emportez des euros en billets neufs et intacts.
- Reservez vos vols par l’intermédiaire d’un agent local en Algérie - ils ont accès à des tarifs et des disponibilités que vous ne trouvez pas en ligne.
- Ne comptez pas sur l’internet. Téléchargez des cartes hors ligne, des traductions, et des contacts utiles.
- Apprenez quelques phrases en arabe algérien : « Sbah el kheir », « Chkoun ? », « Shnoo el 7aja ? » - ça fait toute la différence.
Partir en Algérie, ce n’est pas un voyage facile. Mais c’est un voyage qui change. Vous ne reviendrez pas avec juste des photos. Vous reviendrez avec une autre idée du monde.
Est-ce que les Français ont besoin d’un visa pour l’Algérie ?
Oui, tous les citoyens français doivent obtenir un visa avant de voyager en Algérie. Il n’y a pas de visa à l’arrivée ni de visa électronique. La demande se fait obligatoirement à l’ambassade ou au consulat algérien, avec des documents précis comme une lettre d’invitation, des justificatifs de revenus et une preuve de résidence.
Puis-je utiliser ma carte bancaire en Algérie ?
Non, les cartes bancaires internationales comme Visa ou Mastercard ne fonctionnent presque jamais en Algérie. Les distributeurs automatiques refusent les cartes étrangères. Tous les paiements se font en cash, en dinars algériens. Il faut donc prévoir suffisamment d’argent liquide en euros ou en dollars, et les changer sur place dans des bureaux agréés.
Est-ce dangereux de voyager en Algérie ?
Les zones touristiques - Alger, Oran, Constantine, Tamanrasset, les villes du Nord - sont parfaitement sûres. Les risques sont concentrés dans les zones frontalières du sud, proches du Mali et de la Libye, qui sont déconseillées. Les touristes ne sont pas ciblés. Les Algériens sont généralement accueillants et curieux. Les préjugés sur la sécurité sont souvent exagérés.
Comment se déplacer en Algérie ?
Les trains sont lents et souvent en retard. Les bus interurbains sont plus fréquents mais souvent surchargés. Les « louages » (taxis collectifs) sont économiques mais ne partent que pleins. Il n’y a pas d’applications comme Uber. Il faut négocier les prix, et se préparer à des retards. Réserver un chauffeur privé avec un guide local est souvent la meilleure solution pour les voyages entre villes.
Puis-je acheter une carte SIM en Algérie sans résidence ?
Non, pour acheter une carte SIM locale, vous devez présenter votre passeport et une preuve d’hébergement (facture d’hôtel ou lettre d’invitation). L’activation peut prendre jusqu’à 48 heures. La couverture internet est bonne en ville, mais très limitée dans les zones rurales et le désert. Il est recommandé de télécharger des cartes hors ligne avant de partir.